Ces dames de la Révolution

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« La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit également avoir celui de monter à la tribune. » Ces paroles d’Olympe de Gouge comme celles d’Agnès Sorel, de la Marquise de Pompadour ou de Madame Roland, ont souvent influencé les décisions politiques de ce siècle.

Les combats féminins

La Révolution française commence avant 1789 dans les salons et déjà les femmes acquises aux idées des Lumières adhéraient aux mouvements menés par Jean-Jacques Rousseau. Les « Amazones de la liberté », les « Tricoteuses » ou les « Merveilleuses » voulaient construire un monde nouveau à l’image de Madame Tallien qui précipita la chute de Robespierre. Comme Madame Necker, épouse de banquier, qui recevait Diderot ou d’Alembert dans ses salons où l’on parlait philosophie et emprunts d’état, ou Fanny de Beauharnais, initiée dans une loge maçonnique où l’athéisme le disputait à l’égalité, qui se piquait d’écrire des poèmes mais fut vivement contestée : « Églé, belle et poète, a deux petits travers, Elle fait son visage et ne fait pas ses vers ».

Les égéries de la cour

Marie-Antoinette était une femme influençable et Yolande de Polignac, « La sangsue affamée », créa autour de la souveraine une coterie qui pencha en faveur des États-Unis contre l’Angleterre, ce qui aggrava dangereusement les finances royales. Elle obtiendra le renvoi de Calonne mais s’exila après la prise de la Bastille. À tel point que Fouquier-Tinville demandera à la reine lors de son procès « Pourquoi la famille Polignac … a-t-elle été par vous gorgée d’or ? ». Madame de Genlis, maîtresse du Duc de Chartres, « gouverneur » de ses enfants dont le futur Louis-Philippe, Roi de France, place occupée habituellement par un homme d’épée, s’impliquait dans les cercles d’opposition : « Être prude, être galante, Mêler la gloire à l’erreur, Fut l‘art de la gouvernante, Pourquoi pas du gouvernement ? ».

Les programmes féministes

Madame de Staël, fille de Necker, voyait dans la Révolution un espoir de liberté pour les individus par la fin des lettres de cachet et des arrestations arbitraires mais elle ne parviendra pas à faire triompher ses idées libérales et se réfugiera à Londres. Les combats se menaient aussi dans les rues de Paris avec Reine Audu, reine des Halles. « Fruitière à la gorge puissante, au parler acéré, elle règne sans conteste sur la cohue des fripières, regrattières, écaillères, poissonnières, harengères qui peuplent les différents marchés. Elle perpétue la tradition de ces dames de la Halle chantées par Villon, en faisant retentir son bec ». Ou la fille Léon à l’origine d’un texte signé par plus de 300 femmes qu’elle présenta à la barre de la Législative en tant que citoyennes, chargées comme les hommes de défendre la Constitution.

La Révolution misogyne n’a pas accordé le droit de vote aux femmes et si elles étaient absentes de la scène politique, elles ont souvent soufflé les répliques en coulisse, un contrat tacite pour Madame de Staël « Le désir de plaire excite leur esprit, la raison leur conseille l’obscurité ».

Vicky Sommet

Les égéries de la Révolution de Jean et Marie-José Tulard aux éditions Robert Laffont (mai 2019)

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