Lectures de printemps

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Pas forcément dans les hit-parades des magazines (pour l’instant !), mais aussi en tête dans les librairies, voici les dernières lectures de l’équipe de Mid&Plus qui aime aussi s’évader hors des sentiers battus et des pages convenues. 

UN POLAR
LA DARONNE* d’Hannelore Cayre (Éditions Métailié Noir-Mars 2017-176 pages.-17€)). Je viens de lire ce polar qui m’a fait rire, même si tous les ingrédients du roman noir sont bien présents : la police d’un côté, les méchants de l’autre, et, au milieu, Patience Portefeux. Cette veuve a un fiancé flic, deux filles à élever et un travail peu rémunérateur. Elle est traductrice-interprète judiciaire dans les tribunaux pour les audiences de comparutions immédiates avant de bifurquer sur les écoutes des conversations des truands et des dealers à la demande de la Brigade des stups. Pourquoi, parce qu’elle parle arabe ! Et à force d’entendre les coups véreux se monter, les échanges de dopes se mettre en place, elle devient experte en malfrats. Cette employée fiable et honnête, qui éprouve une certaine sympathie pour ces jeunes délinquants, se laissera tenter à son tour par ces sommes d’argent faramineuses gagnées si facilement à la barbe de la maréchaussée grâce aux « arrivages de fraîche ». Et se retrouvera avec des sacs de cannabis cachés dans sa cave ! Vicky Sommet
*Prix Le Point du Polar Européen 2017 – Grand prix de la littérature policière 2017 – A écrit le scénario d’une BD de SF lancée en Crowdfunding novembre 2017.

UNE BD
DESSEINS d’Olivier Pont (Dargaud, 120 pages-Octobre 2015 -€17,95). « Le paradis de la terre se trouve entre les seins d’un femme, sur le dos d’un cheval, dans les pages d’un livre…. ». L’album d’Olivier Pont commence par ce joli proverbe arabe. Au travers de 7 chapitres portant chacun un prénom féminin se dessinent autant de portraits de femmes battantes, résistantes, indépendantes suivant un fil rouge intime et sensuel : leurs seins. On y  croise l’ado Chloé, à la piscine avec ses œufs au plat façon Birkin, Mathilde, soixante-huitarde jetant soutien-gorge et famille par-dessus les barricades, Alison, ex du cinéma érotique mais maîtresse de son corps, Sylvie à la silhouette fellinienne, femme flouée, Fanny, jeune modèle aux Beaux-Arts face à son cancer, Elykia, belle comme une poupée de la fécondité africaine et Fleur, propriétaire d’une boutique de lingerie bien nommée… à Fleur de Peau. Rien de graveleux, rien de vulgaire, les textes sont ciselés au cordeau telles des nouvelles littéraires. Le trait est classique, épuré, finement colorié par Laurence Croix. Aucun voyeurisme de la part du dessinateur, que de la tendresse, de l’empathie et de la bienveillance à l’égard de ces femmes libres. Dans la dentelle vous dis-je ! Christine Fleurot

UNE SAGA
CELLE QUI FUIT ET CELLE QUI RESTE d’Elena Ferrante (Gallimard, décembre 2016, 479 pages, €23). Le titre m’inspire et la photo de couverture me fait penser à Christine¹ et moi, adolescentes en mobylette dans les rues de Nantes… Ce n’est qu’une fois le livre sur ma table de nuit que je comprends que j’ai dans les mains le troisième tome du phénomène littéraire L’amie prodigieuse. Je cours acheter les tomes 1 et 2² de la saga et bientôt je ne quitte plus Elena et Lila, les deux héroïnes d’Elena Ferrante³, bouleversée par leurs destins : de leur enfance sur fond de misère à Naples à la fin des années 40 (l’une a la chance de pouvoir suivre des études, l’autre pas), à leur adolescence dans une ville mafieuse sombre et en pleine ébullition, jusqu’à leurs vies de jeunes femmes dans l’Italie des années 70 en plein mouvements protestataires et féministes… Les chemins des deux amies se croisent et s’éloignent sans cesse. Le quatrième tome, L’Enfant perdue, déjà sorti en Italie, devrait paraître en France à l’automne prochain. Je bous d’impatience ! Marie-Hélène Cossé
¹Notre rédac en chef, mon amie d’enfance rencontrée à un après-midi déguisé en 1963.
²L’amie prodigieuse (octobre 2014, Folio, 430 pages, €8,20) ; Le nouveau nom (janvier 2016, Folio, 623 pages, €8,80).
³Elena Ferrante, l’auteur de cette magnifique tétralogie, souhaite garder l’anonymat. Aujourd’hui, personne encore n’a réussi à percer le mystère…

UN RÉCIT
LA VALLÉE DES RUBIS de Joseph Kessel (Gallimard 1955, 1973, 280 pages, Folio 1994, €8,20) Les romans accompagnent toujours mes voyages. Je les préfère aux guides, indispensables certes, mais qui enferment mon imaginaire. Incontournable si une envie de Birmanie vous prend :  La Vallée des Rubis. Mon souvenir de Joseph Kessel remontait à l’enfance et à son Lion. Lointain ! Quelle force dans l’écriture, dans les mots. On plonge dans les mines de rubis de Mogok, on redécouvre les baroudeurs un peu fous de l’époque post-coloniale. Dépaysement assuré. Agnès Brunel-Averseng

UN ROMAN ÉTRANGER
LA LIONNE de Katherine Scholes (Éditions Belfond, avril 2013, 308 page, €21). Ce qui est fabuleux avec Katherine Scholes, c’est qu’elle a l’art de nous emporter en un clin d’œil en Afrique du Sud et en Australie. Alors, faute de pouvoir s’autoriser d’y aller pour de vrai, ne vous privez pas du bonheur de lire La Lionne, un roman qui vous scotche sur votre canapé. Mes chats ont adoré me voir si tranquille 4 heures durant, à suivre le cheminement si poignant d’une petite fille et d’une femme, toutes deux en deuil de leur mère, coachées avec bienveillance par une lionne.  Et si la pluie frappe vos vacances de Pâques, succombez à La Reine des Pluies, une merveilleuse histoire d’amour et une ode à la force des femmes, malgré les épreuves. Anne-Claire Gagnon

UN DICTIONNAIRE
LE DICTIONNAIRE AMOUREUX DE SAINT-PETERSBOURG de Vladimir Fédorovski (Éditions Plon, 656 pages, octobre 2016, €25). J’ai choisi de lire cet ouvrage à mon retour de la « Venise du Nord » afin de prolonger  avec Vladimir Fédorovski ma découverte de la cité des tsars dont la devise  est  « Mystères, amours et évasion ». Au fil des pages, j‘ai continué  mon histoire d’amour avec cette ville mystérieuse, à l’architecture insolite, à l’histoire unique et qui abrita  de nombreux artistes, de Pouchkine à Maïakovski. À travers archives et témoignages inédits, l’auteur apporte un nouvel éclairage sur l’histoire des Révolutions  russes de 1917. Je vous livre l’un de mes très nombreux coups de cœur : le Théâtre Mariinsky, symbole de la ville à l’Âge d’or, berceau de la danse classique. Cette lecture m’a donné l’envie de repartir à la recherche de « l’âme russe » avec ses contrastes et ses tragédies. Brigitte Leca

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