Mon film 2023

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La rédaction de Mid&Plus vous dévoile ses films « chouchous » de l’année écoulée, ceux qui l’ont étonnée, révoltée parfois, fait frémir, vibrer, ou pleurer aussi, et que vous pouvez regarder tranquillement chez vous sur une plate-forme si vous les aviez ratés en salle.

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♥ Perfect Days de Wim Wenders avec Koji Yakusho, Tokio Emoto et Arisa Nakano (novembre 2023)
par Michèle Robach
Dans notre précipitation à ne remarquer que l’historique, l’extraordinaire, nous passons à côté de l’essentiel, cet infra-ordinaire dont parle Georges Perec, ce qui est à portée de main : le banal, le quotidien, l’habituel, le presque rien. Et pourtant, c’est là que Wim Wenders y déniche le sublime. Dans Perfect Days, Hirayama* est un homme modeste, employé par la ville de Tokyo pour nettoyer les toilettes publiques. Il accomplit sa besogne ingrate avec dignité et bonheur. Rien de spécialement exotique dans cette balade contemplative au cœur de Shibuya, on découvre le quotidien d’un homme modeste, poète à ses heures, qui aime les arbres qu’il prend en photos, plante des bonzaïs et écoute Patti Smith au volant de sa camionnette.  Les personnages secondaires qui le rejoignent sont l’occasion de scènes bouleversantes. On en ressort zen !
Disponible sur Canal+.
*Interprété par l’acteur japonais Koji Yakusho, récompensé en 2023 par le Prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes.

♥ Past Lives. Nos vies d’avant de Celine Song avec Greta Lee et Yoo Teo (juillet 2023)
par Vicky Sommet
Ce premier film de Celine Song met en scène la possibilité d’un amour qui pourrait être fort largement autobiographique. Sur plus d’une vingtaine d’années, entre Corée et États-Unis, les parcours d’un homme et d’une femme liés depuis l’enfance, qui se retrouvent 20 ans après sans ne s’être jamais vraiment oubliés. Le tout auréolé de la nostalgie du temps qui passe, de sérénité et de réflexion, alors que dans le cœur et la tête des deux protagonistes, les sentiments bouillonnent et les choix de vie sont questionnés. Mais peut-on remettre en cause le destin ?
Disponible sur Google Play.

Les feuilles mortes d’Aki Kaurismäki avec Alma Pöysti, Jussi Vatanen et Janne Hyytiäinen (septembre 2023 – Prix du Jury au Festival de Cannes)
par Marie-Hélène Cossé
Ansa et Holappa, tous deux célibataires et solitaires, vivent à Helsinki de petits boulots précaires. Une nuit, ils se rencontrent dans un bar à une soirée karaoké et se plaisent, genre « love at first sight ». Malgré l’hostilité de l’univers dans lequel ils vivent, les malentendus qui s’accumulent sur le chemin de leur improbable rencontre et l’alcoolisme d’Holappa, ces deux-là parviendront à se rejoindre après 1h20 de film bijou, ciselé, proche de l’épure. La caméra est belle, les couleurs des décors aussi gaies que l’univers de leur décor ne l’est pas. Chacune de leur rencontre éclaire le film. Prix du Jury au dernier Festival de Cannes, voilà une belle oeuvre décalée, pleine d’espoir romantique sur fond de noirceur à la Kaurismäki. On est touchés !
Disponible sur Canal+.

Empire of Light de Sam Mendes avec Olivia Colman et Micheal Ward (sorti en France en mars 2023)
par Marie-Blanche Camps
1980, veille de Noël : le cinéma art déco d’une station balnéaire du Kent ouvre ses portes, face à l’océan. Hillary, la directrice, tient la caisse. Les Blues Brothers sont à l’affiche. Son patron, marié, profite de ses faveurs – dans son bureau… Hillary va passer Noël seule. Stephen, le nouvel employé, va apporter un peu de lumière dans sa vie. Hillary découvre à la fois la passion (peu importe la différence d’âge) et le racisme. Les skinheads ne sont pas loin. Une belle histoire d’amour impossible sur fond des années 80 en Angleterre, comme je les aime ! Disponible sur Disney+, DVD, Blu-Ray.

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Anatomie d’une chute de Justine Triet avec Sandra Hüller et Swann Arlaud (août 2023 – Palme d’Or au Festival de Cannes – couronné par six Césars lors de la 49e Cérémonie de remise des prix dont ceux du meilleur film et de la meilleure actrice)
par Brigitte Leprince
Trop souvent, je sors du cinéma en me disant « j’aurais pu voir ce film dans mon canapé ». L’inventivité, l’écriture, l’atmosphère et l’interprétation d’« Anatomie d’une chute » en font un film à voir et à revoir en salle. Sandra, Samuel et leur fils vivent à la montagne et, un jour, le corps sans vie de Samuel est retrouvé dans la neige. Est-ce un suicide ou est-ce un meurtre ? Hélas ou fort heureusement, les deux sont plausibles. L’ambiguïté repose sur l’empathie suscitée par Sandra et le doute qui petit à petit s’installe à son égard. L’enchevêtrement du vrai, du faux, du mensonge, de la vérité, des contradictions, l’épaisseur du mystère et une fin vacillante m’ont conquise et la Palme d’or de Cannes est parfaitement légitime.
Disponible sur Canal+, YouTube, Apple TV, Google Play.

Le règne animal de Thomas Cailley avec Romain Duris, Paul Kircher et Adèle Exarchopoulos (octobre 2023 – Prix Louis Delluc – couronné par cinq Césars lors de la 49e Cérémonie de remise des prix)
par Christine Fleurot
Enfin un film hexagonal ambitieux ! Dans un futur très proche, un mystérieux virus frappe certains humains les métamorphosant progressivement en animaux. Un père et son fils (le très émouvant duo Romain Duris – Paul Kircher) se mettent à la recherche de Lana, épouse et mère, touchée par ce mal et en fuite. Une quête fébrile et haletante de 2h08 tournée dans le Parc national de Gascogne. Le scénario pluriel flirte entre aventure, fantastique, thriller, comédie et fable écologiste abordant subtilement des sujets actuels tels notre rapport à la nature, à la normalité, à la différence et au genre, le passage de l’adolescence au monde adulte, la transmission. Attraction, répulsion, émotion… une bête de film !
Encore en salle. Disponible en Vod Canal et Google Play. Dvd Studio Canal.

Chien de la casse de Jean-Baptiste Durand avec Anthony Bajon, Raphaël Quenard et Galatea Bellugi (avril 2023 – couronné par le César du meilleur premier film 2023 lors de la 49e Cérémonie de remise des prix)
par Anne-Marie Chust
C’est le premier long métrage de Jean-Baptiste Durand et c’est un coup de maître (nommé 7 fois aux Césars) ! Remarquablement écrit, il est de ces films qui laissent des traces profondes, un moment de vie apparemment simple. Tourné dans le très beau village du Pouget dans le sud de la France, c’est l’histoire de ces communes rurales, où une jeunesse « périphérique », pas celle des cités ou de banlieue, traîne son ennui ou sa dépression, son manque de perspectives, dans une déambulation sans but apparent ou plutôt une errance faite de petits trafics. Les héros sont deux garçons qui se connaissent probablement depuis toujours, Mirales très bavard et plutôt intelligent (Raphaël Quenard, l’acteur qui monte*, formidable !), qui vous cite Montaigne de temps en temps, toujours accompagné de son chien Malabar, mais que l’insignifiance de son existence rend méchant. Il entretient avec celui qu’il appelle Dog² (Anthony Bajon, très bien aussi), un « taiseux », une amitié profonde, presque exclusive et ambiguë, tout en l’humiliant régulièrement devant leur groupe d’amis. Et cette fille venue d’ailleurs pour ne pas rester (Galatea Bellugi, il faudra s’en souvenir) qui vient tout perturber. Film non pas misérabiliste, mais naturaliste et juste (parfois même drôle) qui nous parle aussi d’un combat existentiel fait d’amour et de désespoir jusqu’à la libération finale…
Disponible sur Canal VOD, Amazon Prime Video, Google Play.
*César de la meilleure révélation masculine 2023 lors de la 49e Cérémonie de remise des prix.

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