Paris, ville de plaisirs

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Entre 1850 et 1910, Paris était la destination favorite des hommes de la haute qui souhaitaient s’encanailler avec les catins, les fleurs de pavé, les lorettes et autres femmes de petite vertu. Du trottoir au claque, des maisons closes aux hôtels particuliers, le beau monde se pressait chaque soir, les poches garnies et l’œil égrillard !

Les témoins de la luxure

Des peintres, des sculpteurs, des caricaturistes, des photographes et des cinéastes, ont été les témoins privilégiés, entre réalité et fantasmes, de la prostitution qui avait pignon sur rue… et sur cour dans la capitale. D’un Toulouse-Lautrec qui regarde les femmes attendre le client dans le Salon de la rue des Moulins à un Édouard Manet qui peint Olympia allongée nue sur son lit ou aux coulisses de Garnier de Degas qui célèbre les petits rats de l’Opéra et leurs protecteurs, l’amour tarifé est partout. Et nourrit l’inspiration des artistes de la fin du siècle.

Le fruit défendu

Les jeunes filles de la campagne, les « pierreuses », n’ont rien à voir avec les « scandaleuses » qui monteront dans l’échelle sociale grâce à leur ambition et aux généreux mécènes. Liane de Pougy, Mata-Hari, La belle Otéro ou la Païva, elles plument allègrement le bourgeois, l’aristocrate, voire le Prince ou le Roi, comme Léopold II de Belgique ou le futur Édouard VII d’Angleterre. Rien n’était trop beau pour elles, toilettes, bijoux, hôtels particuliers, voyages et dot, elles seront les reines d’une époque mais finiront leur vie, seules et dans la misère.

Prudes, s’abstenir !

Le Musée d’Orsay n’a pas hésité à montrer des œuvres qui, en leur temps, ont suscité des polémiques car les modèles des peintres étaient de simples courtisanes. Cette quête du plaisir interpelle l’œil du visiteur, qui, voyeur malgré lui, surtout dans les salles fermées par des rideaux rouges comme celle d’une alcôve, peut regarder à loisir photos et films muets qui livrent une réalité crue et sans artifice. Et que dire de la chaise tapissée de soie verte fleurie, un instrument de félicité pour celui qui savait s’en servir. Ou de cette arme dissuasive qui a l’apparence d’un pique-papier avec un manche en nacre, un pique-couille que les sulfureuses accrochaient à leur porte-jarretelle pour les mauvais payeurs !

Une visite s’impose pour réviser ses classiques et feuilleter cette page d’histoire de l’âge d’or du « stupre et de la fornication » comme le chantait Georges Brassens.

Vicky Sommet

Splendeurs et misères – Images de la prostitution (1850-1910) – Exposition Musée d’Orsay

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