Alexia Delrieu, écrivain, sculpteur et… bouquiniste

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Son incroyable amour des livres couplé au hasard de la vie ont conduit Alexia Delrieu, écrivain pour la jeunesse et sculpteur, à devenir bouquiniste quai de la Tournelle. Rencontre surprenante d’une passionnée à la tête de ses « boîtes vertes » depuis bientôt 7 ans.

Hasard ou destin ?

Alexia habite alors quai de la Tournelle et passe tous les jours devant les bouquinistes, comme Hemingway en son temps (lire Paris est une fête). Intriguée, elle décide de remplir un dossier de candidature « pour voir »… Ils sont 200 sur la liste d’attente, une place se libère environ tous les dix ans ! Et pourtant, la chance est au rendez-vous puisque la Mairie de Paris procédant à un changement du mode d’attribution des concessions, Alexia obtient la sienne, gratuite et à vie, à charge pour elle de ne vendre que des livres, revues, gravures ou cartes postales d’occasion 4 jours par semaine au minimum.

Qu’il pleuve ou qu’il vente !

Alexia commence par fabriquer les quatre boîtes réglementaires de 2 mètres chacune, peintes en vert anglais, puis par recouvrir les livres, gravures et revues qu’elle chine elle-même ou achète parfois à des colporteurs, pour les protéger de la poussière (très présente), du soleil et des intempéries. La jeune femme s’est spécialisée dans la littérature générale et les livres pour la jeunesse. Elle ouvre en général de 13h30 à 18h30, accompagnée de son beagle, un pliant sous le coude pour s’asseoir l’été à l’ombre d’un arbre. Parfois, elle se fait remplacer par ce qu’on appelle dans le jargon un « ouvre-boîte », car il faut ouvrir coûte que coûte 4 fois par semaine, quelle que soit la saison ou la météo, pour ne pas risquer de perdre la concession  !

Un métier libre mais aléatoire

Les bouquinistes sont des hommes et des femmes (il semblerait qu’il y ait parité !) travaillant souvent en famille, de père en fils, mari et femme. Ils s’entraident, se connaissent tous par secteur et se renvoient les clients. Ce sont souvent des personnages hauts en couleur, des êtres libres, à la vie parfois mouvementée… Les acheteurs sont soit des passants qui se promènent, soit des connaisseurs qui reviennent. Certains emplacements sont plus prisés que d’autres, ceux qui ont des arbres, une sortie de métro. Je comprends que nous sommes sur le quai des puristes… Si la corporation a très bien gagné sa vie jusqu’à l’arrivée d’Internet, les affaires sont moins faciles aujourd’hui. On peut ne rien vendre ou presque une journée et le lendemain un flâneur achète pour un gros montant.

Prendre le temps, vivre une vie de quartier au contact des livres, des rencontres riches, de la liberté, voilà un beau métier !

Marie-Hélène Cossé

Alexia Delrieu, face au 29 quai de la Tournelle, 75005 Paris.

Les Bouquinistes de Paris
La corporation qui existe depuis le XVIe siècle (les colporteurs du Pont Neuf) compte aujourd’hui 240 membres installés sur les quais de la Seine entre le Musée d’Orsay et l’Institut du Monde Arabe côté rive gauche et le Musée du Louvre et l’Île Saint-Louis côté rive droite. Ils sont à la tête de quelques 500.000 livres (la plus grande librairie du monde !) et d’un nombre incalculable de cartes postales de collection, gravures, revues et timbres.

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