Aminata Touré, en lutte pour les jeunes

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De sa naissance en Allemagne en 1992 de parents réfugiés à la vice-présidence du parlement du Land de Schleswig-Holstein, le parcours d’Amina Touré est singulier. Véritable symbole en Allemagne¹, elle est l’homonyme de la femme politique guinéenne, fille de Sékou Touré, décédée récemment et de l’ancienne première ministre sénégalaise. Directe et décidée, elle raconte ses « vingt-neuf années vécues en Allemagne ».

Ses parents fuient le Mali, elle naît après leur arrivée, vit avec sa famille dans un camp de réfugiés puis des centres d’accueil, fait des études de sciences politiques et de français et travaille comme assistante parlementaire. En 2012, elle adhère au parti des Verts. Élue députée dans sa région de Schleswig-Holstein en 2017 à 24 ans, elle devient la « première personne noire dans ce parlement » ! Celle qui a « grandi dans un pays où la majorité de la population est blanche » devient même, en 2017, la plus jeune vise-présidente élue, pour le parti des Verts allemands. Les sujets de société comme l’antiracisme, les questions migratoires et l’égalité des femmes sont son cheval de bataille.

« Être immigrée en Allemagne, c’est une lutte de tous les instants. »

C’est « en tant que femme noire dans une société qui a encore du mal à reconnaître son propre racisme » qu’Aminata Touré consacre son engagement en politique. « La démocratie allemande a besoin de la diversité du peuple qui représente le pays : il n’y a pas que des Blancs de plus de 50 ans ! » Elle rappelle que 2022 a été consacrée année européenne de la jeunesse et souhaite donner la parole à sa génération. Le 29 juin, Aminata Touré devient la première femme noire membre du gouvernement de sa région. Son ministère regroupe les Affaires sociales, la Jeunesse, la Famille, les Seniors, l’Intégration et l’égalité des femmes.

Son livre, non encore traduit en français, « Wir können mehr sein. Die Macht der Vielfalt »¹, est un best-seller en Allemagne. Elle, qui a toujours trouvé dans l’écriture une aide à la prise de décisions, y remercie son pays d’adoption, aborde les sujets du racisme et de la violence contre les femmes. Elle fait également parler sa mère, « car la première génération n’a pas souvent la parole ». L’ouvrage décrypte la situation actuelle avec le racisme ambiant et les positions de l’extrême-droite, mais « c’est avant tout un appel aux jeunes et aux personnes issues de la diversité à entrer dans les institutions pour changer la politique et notre vivre ensemble ».

Aminata souhaite donner à ses concitoyens l’envie de changer les choses et motiver les jeunes à entrer en politique « pour faire ou renforcer des lois qui les concernent, tout le monde peut être acteur du changement ! », assure t-elle.

Marie-Blanche Camps

¹Je découvre cette jeune femme politique afro-allemande, à travers un webinaire organisé par le Goethe-Institut Paris et la Fondation Heinrich Böll, aux côtés de Pap Ndiaye, historien spécialiste de l’histoire des minorités, avant qu’ils ne deviennent tous les deux ministres entre autres de la jeunesse.
²Nous pouvons être meilleurs – Le pouvoir de la diversité

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