Anne-Sophie Nomblot, toutes à bord du train

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Présidente depuis fin 2020 de SNCF Mixité, réseau interne de 11 000 membres au service de la mixité du groupe, le plus grand aujourd’hui en France de ce type, Anne-Sophie Nomblot, tout juste 40 ans, nous confie la vision de sa mission dédiée aux questions d’égalité et de lutte contre les stéréotypes.

Une cheffe sans cravate

Les écoles de commerce disent mener à tout et c’est vrai puisque, dès la fin de ses études à l’EDHEC, Anne-Sophie Nomblot entre à la SNCF comme cheffe de gare à Marne-la-Vallée, attirée par le service public, la variété des métiers proposés (on en change tous les 3 ou 4 ans) et la possibilité de faire du management. « Lorsque j’étais cheffe de gare, nous avons reçu une délégation japonaise qui m’a offert une médaille et… une cravate. Jamais ils n’auraient imaginé que ce serait une femme qui les recevrait ! » Son regard sur la place des femmes, sa conscience et son engagement s’éveillent petit à petit au fil des postes qu’elle occupe et plus particulièrement lorsqu’elle devient membre de SNCF au féminin, le réseau de femmes du groupe. Anne-Sophie participe notamment à la création de La Boutique Eco, un site d’économie durable qui propose de réemployer du matériel SNCF non utilisé. « Cette démarche d’intraprenariat m’a permis d’aligner mon métier et mes valeurs et de m’impliquer dans une démarche qui a du sens. »

Longtemps la SNCF n’a offert d’autres métiers aux femmes que celui de garde-barrière aux côtés de leur mari. Aujourd’hui, les choses ont heureusement changé : 23% de femmes dans le groupe, mais certains métiers techniques restent très masculins comme 5 à 10% de femmes dans la réparation, la conduite des trains ou la police ferroviaire. L’égalité salariale est atteinte à 1% près. 38% de femmes siègent aux COMEX. Le groupe a reçu le label diversity leader.

C’est l’affaire de toutes et de tous

Après quelques années en tant que membre, Anne-Sophie Nomblot devient Ambassadrice de SNCF au féminin, avant d’être nommée fin 2020 présidente du réseau dont elle changera le nom en SNCF Mixité car dit-elle « l’égalité, c’est l’affaire de tous et de toutes. » C’est la troisième femme à la tête du réseau depuis sa création. La première, Virginie Abadie-Dalle, l’a construit en partant de rien, plutôt orienté à l’époque vers les femmes cadres et les questions de lutte contre le plafond de verre. La deuxième, Francesca Aceto, étend les sujets aux hommes et aux agents d’exécution et de maîtrise. Anne-Sophie est, quant à elle, plus particulièrement sensible à deux sujets parmi les six prioritaires qui ont été fixés pour la durée de son mandat : le recrutement des femmes avec le combat contre les stéréotypes à l’orientation et la lutte contre le sexisme et le harcèlement sexuel.

« Il n’est pas souhaitable qu’il y ait compétition entre les hommes et les femmes, mais qu’il y ait un meilleur équilibre : plus de femmes dans les métiers techniques, plus d’hommes dans les métiers du service. »

Un engagement au quotidien

Avec l’aide de ses 70 Ambassadeurs, hommes et femmes issus de toute la France et des différents métiers du groupe, SNCF Mixité est très actif¹, soutenu par le COMEX et Jean-Pierre Farandou qui fait des questions de mixité un marqueur de son mandat à la tête du groupe. Sont proposés des actions nationales et locales (à noter un partenariat avec La Fondation des femmes), du mentorat, des conférences, du développement personnel, des ateliers de réflexion sur des sujets qui émergent et sont discutés en groupe d’ambassadeurs², des livres et podcasts, l’inscription au site internet Sncfmixite.com³ et à sa Newsletter mensuelle. Il s’agit d’un vrai engagement au quotidien de la part des membres et des ambassadeurs qui développe un sentiment fort d’appartenance au groupe.

À la question « Qu’aimeriez-vous changer si vous aviez une baguette magique ? », Anne-Sophie répond sans hésiter : « Que chaque fille et chaque garçon puissent choisir le métier qui leur plait. Que les violences faites aux femmes soient abolies, des plus légères (remarques sexistes, commentaires sur les tenues, petits noms, etc.), jusqu’aux plus graves. Que les gens se parlent et communiquent pour mieux accepter leurs diversités, quelles qu’elles soient. » Bonne route Anne-Sophie !

Marie-Hélène Cossé

¹23% des membres de SNCF Mixité sont des hommes, amusant de constater que c’est l’exact inverse de leur proportion dans le groupe.
²Par exemple : sensibilisation contre le harcèlement, l’impact du télétravail sur les femmes, la gestion du travail des femmes en fonction de leur âge, notamment celles de plus de 50 ans, les qualités attendues d’un leader, etc.
³SNC Mixité

Un conseil de lecture d’Anne-Sophie : « L’amazone et la cuisinière – Anthropologie de la division sexuelle du travail » d’Alain Testart (Gallimard, 2014).

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