Heïdi Sevestre, la voix des glaciers

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Synchronie ou clin d’œil du destin, la glaciologue Heïdi Sevestre est née l’année de la création du GIEC. Avec le temps, elle a vaincu sa timidité naturelle pour devenir la voix des glaciers, qu’elle nomme de vrais ancêtres protecteurs de notre humanité.

L’amour de la montagne et de ses glaciers

Élevée à la montagne, digne descendante d’une aïeule posant en chapeau sur la Mer de Glaces, Heïdi voue, dès sa plus tendre enfance, une passion sans borne aux animaux sauvages, à la nature et à sa chère montagne du Semnoz, qu’elle arpente et escalade avec bonheur. Elle dévore Frison-Roche et les ouvrages des explorateurs polaires. Inscrite par sa mère à un concours à Genève, elle fait partie des sélectionnés qui vont, sous les yeux des caméras, parcourir la Haute Route Chamonix-Zermatt. C’est là qu’éblouie, elle trouve sa voie à 17 ans. Elle sera glaciologue.

« Les glaciers sont une réserve de temps, un champ de mémoire. »

Globe-trotter polaire

Au fil de ses études qui la conduisent aux quatre coins du globe, Heïdi va découvrir l’ampleur du drame, l’anéantissement de la beauté de tant de glaciers. C’est en Arctique, au Svalbard, qu’elle prépare sa thèse. Sa grand-mère fait le voyage pour la soutenance de son PhD, où « l’assistance et le jury sont en chaussettes et chaussons (une tradition à l’intérieur d’un bâtiment) ». Elle lui fait découvrir la nuit polaire illuminée d’aurores boréales. Émerveillement intergénérationnel partagé. C’est à l’autre bout de la terre, en Antarctique, qu’Heïdi Sevestre voit le plus gros iceberg du monde, dont, selon le terme consacré, le glacier Larsen a vêlé. Or, « les glaciers sont nos châteaux d’eau, d’où nous vient notre eau de source ». Ce sont eux qui en réfléchissant la lumière la renvoient au ciel et contribuent à maintenir notre environnement habitable.

Porter la voix des glaciers en souffrance

De missions en projets, Heïdi Sevestre fait le choix de devenir « passeuse de science » pour rendre la science du climat et des glaces accessibles au plus grand nombre. Pour faire aimer les glaciers et les sauver surtout. Pour elle, « ralentir la fonte n’est ni dérisoire ni secondaire ». Parmi les gestes que nous pouvons faire pour sauver notre eau, notre peau et la beauté des glaciers : calculer notre empreinte carbone et voir comment l’améliorer en changeant alimentation, moyens de déplacement, consommant et jetant moins. En éduquant aussi la jeune génération à comprendre les enjeux climatiques, sans peur ni déni, et à voter dès le collège ou le lycée, pour des éco-délégués, en aidant les équipes municipales, politiques. Le changement climatique demande l’adhésion et la particip’action de toutes et tous.

« Se réveiller, se mettre debout est une acceptation,
c’est-à-dire l’intégration de la réalité dans la conscience.
L’acceptation délivre du chagrin et libère l’énergie pour sauver ce qui peut l’être. »

Comme le font en Colombie, au Népal, au Pérou des femmes et des hommes courageux, nous aussi pouvons sauver les glaciers et notre planète, maintenant !

Anne-Claire Gagnon

Son site
Sentinelle du climat
d’Heïdi Sevestre (éditions Harper Collins, 2023)

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