Au royaume de la Reine des Pluies en Tasmanie

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Katherine Scholes habite au bout de la terre, mais elle est tout près de notre cœur, avec les personnages qu’elle met entre nos mains, sœurs et frères de papier qui deviennent notre référentiel comme sa Reine des Pluies. J’ai eu la chance qu’elle m’accueille en Tasmanie, une terre à la lumière étincelante, pour un entretien Mid&Plus.
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Comment êtes-vous arrivée à l’écriture ?

Je suis née en Tanzanie et j’y ai vécu jusqu’à l’âge de dix ans quand ma famille est allée en Angleterre. J’ai trouvé très difficile de m’adapter à la vie dans un pays si différent, j’avais le mal du pays pour l’Afrique. Mon institutrice m’a suggéré d’écrire quelque chose sur mes sentiments sous forme de vers. C’est ce qui m’a mise sur le chemin de l’écriture. J’ai tenu un journal et écrit des histoires et des poèmes pendant toute mon enfance. Quand j’avais 20 ans, j’ai épousé un cinéaste et me suis trouvée entourée de gens occupés à écrire des scénarios. C’est là que j’ai décidé d’écrire des romans. J’ai commencé par des histoires pour enfants et continué avec des romans plus longs pour adultes. Ensuite j’ai écrit La Reine des Pluies, ce qui m’a mise sur la voie de romancière à plein temps.

D’où vous vient votre inspiration ?

Je commence souvent par quelque chose concernant ma vie. Peut-être un endroit ou un événement historique, ou une histoire personnelle que j’ai entendue. Je commence par rechercher tout ce qui est lié à ce point de départ. L’internet a rendu ce côté de mon travail beaucoup plus facile, mais j’aime aussi faire la recherche moi-même – interviews, voyages sur les lieux. Je continue à suivre les idées qui m’intéressent jusqu’à ce que j’aie une énorme quantité de matériel à ma disposition. Je passe environ un an à faire des recherches et développer des histoires, ensuite un an à écrire et éditer. Je découvre souvent la petite graine pour le prochain roman cachée quelque part dans le précédent. Par exemple, j’ai lu l’histoire de George Adamson, Lord of the Lions, quand je travaillais aux Amants de la Terre Sauvage. Après avoir fini ce livre, je me suis intéressée encore plus aux lions et j’ai écrit La Lionne.

Vous vivez aujourd’hui en Tasmanie, mais vous avez vécu dans d’autres pays. Est-ce que le lieu depuis lequel vous écrivez influence vos romans ?

C’est étrange comme depuis de nombreuses années j’écris sur les plaines poussiéreuses du centre de la Tanzanie alors que je suis assise à mon bureau qui donne sur la Derwent en Tasmanie du Sud. Le contraste entre ce que j’imagine et l’endroit où je suis ne pourrait pas être plus grand ! Mais ça marche toujours. Je crois que c’est parce que les deux environnements sont très puissants en tant que paysages (et le paysage est comme un personnage dans mes romans). Je n’ai jamais essayé d’écrire dans un environnement urbain, mais je crois que je trouverais cela difficile.

La Reine des Pluies, Leopard Hall (Congo Dawn), La femme du marin (The Stone Angel) ont tous une femme forte comme personnage principal. Avez-vous jamais laissé le premier rôle à un homme dans un de vos romans ?

J’aime avoir un point de vue central dans mes romans, pour que le lecteur « devienne » vraiment ce personnage. Jusqu’à récemment, cette personne était toujours une femme, et je suivais son chemin pendant qu’elle découvrait son propre moi. Dans mon dernier livre Leopard Hall, l’histoire va et vient entre deux personnages principaux, et pour la première fois, l’un d’eux est un homme. Je n’avais jamais eu l’intention que Dan Miller ait un si grand rôle dans le roman. Son personnage émergeait de ma recherche, comme s’il le voulait. Il m’a fascinée. Au début j’étais intimidée d’avoir un personnage masculin (qui est aussi un soldat) mais j’ai envoyé quelques chapitres à mon éditrice et elle m’a encouragée à continuer. Mon autre personnage important était une femme, je pense donc que sa présence m’a aidée – ainsi que mes lecteurs – à comprendre Dan. Cela a été un chemin difficile mais merveilleux et je crois que cela m’a changée en tant qu’écrivain.

Tous vos romans sont-ils traduits en français ?
Oui, j’ai une éditrice merveilleuse à Belfond qui m’a soutenue pour tous mes romans. Elle est une merveilleuse source d’encouragements pour moi.

Qu’est-ce qui vous donne l’énergie d’écrire tous les matins ?

Quelquefois, commencer est très difficile. Tout semble beaucoup plus intéressant, promener le chien ou faire la lessive ! Mais une fois que je suis entrée dans l’histoire et que j’ai repris contact avec mes personnages, la vraie vie disparaît et les heures s’envolent. Mais écrire un roman prend longtemps, cela peut devenir épuisant et on se sent seule. Ce qui m’inspire vraiment, c’est quand des lecteurs me disent qu’ils ont été touchés par mes romans.

Anne-Claire Gagnon
Mid&Flandres

Vous pouvez suivre Katherine sur son site  et la contacter. Ne vous en privez pas !

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