Hillary Clinton, ni si bonne, ni si mauvaise qu’on l’a dit

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Je n’aimais pas (ou plus) Hillary Clinton. Il me semblait qu’elle faisait partie depuis la présidence de son mari du « système » culturel et intellectuel de la côte Est américaine qui lui faisait prendre des postures plutôt que des positions et j’avais presque oublié son passé de « militante ». Et puis j’ai vu cette série documentaire sur Canal+ où le portrait de l’une des femmes le plus « en vue » du monde est dressé.
À la question dans le documentaire « Qu’aimeriez-vous avoir comme épitaphe », Hillary a répondu :  « Elle n’était ni si bonne, ni si mauvaise qu’on l’a dit ».

70 ans d’histoire politique

Le portrait est, certes, plutôt hagiographique, mais il contient des interviews exclusives, des éléments biographiques rares et plein d’images inédites de la dernière campagne présidentielle qu’Hillary Clinton a perdue à la surprise générale, face à Donald Trump. On apprend beaucoup de choses (que l’on savait vaguement) sur ses origines plutôt modestes, sa formation, elle a participé en tant que jeune avocate (diplômée de Yale University) à la procédure judiciaire d’« impeachment » du président Nixon, sa jeunesse militante pour les droits des femmes, la fulgurance de son amour pour Bill Clinton, ses premiers pas en politique à ses côtés, l’enquête du FBI sur ses emails envoyés depuis sa messagerie privée et bien sûr, « last but not least » le scandale Monica Lewinsky. Elle donne sa version des faits et reconnaît ses erreurs stratégiques et ses maladresses. Elle n’hésite pas à donner ses interviews face caméra et à aborder tous les sujets, même là où cela fait le plus mal. À travers le destin hors du commun d’Hillary Clinton se dessinent 70 ans d’histoire politique des États-Unis et une riche aventure personnelle.

Entre ambitions personnelles et Bill

Beaucoup d’archives et de témoignages, à commencer par son mari et ancien président américain (qui fait son mea-culpa) et leur fille Chelsea. Elle se souvient aussi de la première campagne de Bill Clinton, au cours de laquelle on lui a beaucoup reproché d’avoir dit : « J’aurais pu mettre mon métier de côté pour préparer des biscuits et du thé. Je n’ai pas fait ce choix. ». Répercutée par les médias, la phrase irrite au plus haut point les femmes au foyer à l’époque… et puis on voit d’autres images où Hillary est apparemment rentrée dans le rang, un pas derrière son mari, elle tient le parapluie qui l’abrite de la pluie pendant qu’il prononce un discours… Et sa lutte perdue d’avance pour conserver son nom de jeune fille (Rodham) lorsque son époux fut élu président, la difficulté à dire « je » plutôt que « lui » quand elle se déclara candidate à la présidence.

Hillary Clinton a dû être souvent partagée entre ses ambitions politiques personnelles et son mari, qu’elle a accompagné dès le premier jour. Lors de l’affaire Lewinsky, cette ambivalence est mise en valeur par ces mots prononcés : « J’avais envie de tuer Bill mais je refusais que l’Amérique perde son président. » Elle a dû quand même beaucoup l’aimer son Bill et, après tout, cela ne regardait qu’eux…

Au lendemain de sa défaite, elle s’est adressée aux femmes, se disant « fière d’avoir été leur représentante » et plus particulièrement aux petites filles : « Ne doutez jamais que vous êtes importantes, puissantes et que vous méritez toutes les chances du monde de poursuivre et réaliser votre rêve. »

Anne-Marie Chust

« Hillary » série documentaire en quatre volets de Nanette Burstein (actuellement sur Canal +).

¹Parmi les livres qu’elle a écrits, « Mon histoire » aux éditions Fayard 2003, qu’elle signe de son nom « complet », Hillary Rodham Clinton.

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