La Birmanie, c’est maintenant !

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« Des pagodes, encore des pagodes » Ainsi s’exprimait, lors de mon premier voyage en Birmanie il y a quelques 35 ans, une touriste égarée dans un pays alors peu ouvert aux étrangers. Mais que faisait-elle dans cette galère… ? Et que n’ouvrait-elle les yeux pour embrasser le pays tout entier ?

Nouveau voyage à Myanmar aujourd’hui et plaisir retrouvé. Avec en prime un accès au peuple birman beaucoup plus facile que du temps des voyages surveillés par la junte au pouvoir et du visa de 7 jours. Par où commencer… idéalement, une dizaine de jours sur place est un minimum. Mais, coulez-vous dans le rythme birman et octroyez-vous une belle quinzaine de jours, vous ne le regretterez pas.

Première étape, Mandalay. Le nom seul fait rêver. Kipling bien avant moi (voir vidéo). Inutile de s’attarder dans la ville moderne mais remontez le temps dans les anciennes capitales environnantes. Mingun, ses pagodes monumentales et lumineuses sans oublier son dernier modèle breveté « Uber char à bœufs »; Sagaing, Ava et Amarapura, la pointe de ses temples dardant telles des aiguilles d’or vers le ciel et l’arrêt obligatoire pour admirer le coucher de soleil sur le pont U Bein à l’occasion duquel touristes, jeunesse birmane, religieux, photographes et modèles se fondent dans la lumière hypnotique glissant dans les eaux de l’Irrawaddy.

Second arrêt, la majestueuse cité de Bagan. Si vous prenez le temps, vous y accéderez après une journée de croisière sur le très long et très large Irrawaddy : bateau d’un autre âge, navigation lente, rivière souvent encombrée de gros bateaux de marchandises polluants mais le pays vu de l’eau, ses rives illuminées par les innombrables pagodes, ses villages nichés dans la végétation, leurs habitants vacants à leurs occupations… Et Bagan ? Indéniablement, « des pagodes encore des pagodes » !  Mais une telle magie du lieu. 42 km2 parsemés de temples, de stupas et de quantité de Bouddhas. Si en Périgord (lire article), la légende veut que Saint-Pierre ait vidé sa hotte de tous les châteaux qu’elle contenait, à Bagan, les Bouddhas ont certainement déversé leurs tombereaux de lieux de dévotion.

Oubliez voiture ou mini bus, louez un scooter électrique, zéro pollution et perdez-vous ! Laissez-vous guider par vos envies, votre instinct et gagner par la zénitude des lieux (malgré les vendeurs qui voudront absolument vous caser leurs souvenirs). Si vous le pouvez : survolez les temples en montgolfière au lever du soleil. Sinon, expérience plus « roots  »: quittez votre hôtel vers 5h30 sur votre fier destrier électrique et rejoignez de nuit par les pistes ensablées, la pagode Shwesandaw. Vous aurez l’impression d’être une aventurière seule au monde jusqu’à votre arrivée au pied de la pagode et à son ascension : à la queue leu-leu, entre touristes de tous horizons ! Mais une fois en haut, Bagan vous appartient : les temples, le soleil qui se lève et les montgolfières qui s’envolent. Irréel.

Suite du voyage, direction le lac Inle, via le labyrinthe des grottes de Pindaya aux 8.000 bouddhas. Un conseil : choisissez un hébergement un peu en retrait du lac afin de ne pas être réveillée aux aurores par le bruit des moteurs des multitudes de pirogues qui sillonnent le lac… et détruisent faune et  flore.

Vous n’avez plus qu’à vous laisser envoûter par le lieu. Admirez l’agilité des derniers pêcheurs qui rament avec… une jambe et lancent leurs filets avec une grâce infinie. Arrêtez-vous dans les villages sur pilotis où le tek et le bambou sont rois. Visitez toutes les fabriques pour découvrir les savoir-faire : cheeroots (cigares locaux), ombrelles, tissus en lotus d’une finesse extrême et d’un prix astronomique !

Enfin, Yangoon, must absolu, haut lieu de pèlerinage bouddhiste, la pagode Shwezagon. Bravez les embouteillages inhumains (chaque feu durant 5 minutes et les deux roues étant interdits, imaginez le résultat !) pour ce lieu incroyable, magique. Si Myanmar est le pays qui brille de mille feux, de l’or des stupas aux pierres précieuses de la Vallée des rubis (paru en 1955- Joseph Kessel-Gallimard), Shwezagon en est la quintessence. Totalement incontournable et inoubliable.

Avant de terminer votre périple, si le cœur vous en dit, profitez des magnifiques plages de sable du golfe du Bengale. Gageons que d’ici peu de temps, les stations balnéaires auront fait des petits. Je dois m’arrêter, sous peine de me faire taper sur les doigts pour article excédant déjà le maximum acceptable et je ne vous ai pas parlé des marchés, des sourires distribués si généreusement qui font tomber la barrière de la langue, des enfants si beaux, des moines si impressionnants… alors, partez, partez sans tarder, tant qu’il est encore temps et que le tourisme de masse n’a pas déferlé sur cette perle de l’Asie.

Agnès Brunel-Averseng
©Photos Agnès Brunel-Averseng

Un coup de cœur pour l’Inle Lake View Resort , niché sur la rive, vue sur le lac, accueil chaleureux, table excellente et variée (appréciable au bout d’une série ininterrompue de currys plus ou moins réussis), des masseuses hors pair et … pas de WiFi hors des parties communes. La vraie déconnexion.

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