D’un sein à l’autre

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Qui de mieux que L’Indifférence, la sculpture d’une allégorie – représentation en 3D de quelque chose de non palpable, tout le contraire d’une poitrine ! – pour ouvrir le bal de l’autopalpation en ce mois d’octobre rose auquel nous convient le CHU de Lille et le Musée des Beaux-Arts ? Le détournement des œuvres à cette belle cause qui nous concerne toutes est à la fois esthétique – Rodin donne chair à son marbre jusqu’au bout des seins – et terriblement édifiant – la majorité des œuvres sont le fruit de l’image des femmes qu’en ont les hommes. Voir tant de seins offerts, de la première maman que fut Marie aux nourrices du XIXe siècle, allaitant frère et sœur de lait, en passant par les pécheresses comme Marie-Madeleine à la gorge rebondie, en dit long sur le paradoxe des interdits dont se gaussait Molière : « Cachez ce sein que je ne saurais voir » mais que j’aimerais tant admirer ! Jusqu’à la naissance de Vénus (longtemps seule autorisée à paraître dans son plus simple appareil) où l’artiste n’a pas hésité à la « photoshopper » avant l’heure, avec un corps de liane aussi long que sa chevelure. En rentrant de ce parcours insolite, suivez l’exemple de Vénus (et les conseils du CHU), contemplez vos seins devant votre miroir et palpez-les en pleine conscience. Prendre soin de vous est essentiel : la véritable oeuvre d’art, c’est vous !

Anne-Claire Gagnon

Palais des Beaux-Arts de Lille – Demandez le livret, le tote bag et un badge à l’entrée.

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