Ne nous laissons pas berner

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À la lumière des connaissances actuelles en neurosciences, on serait tentés de croire que les vieux préjugés sur les différences biologiques entre les femmes et les hommes ont été balayés. Mais non ! Les préjugés et simplifications abusives demeurent. On entend souvent dire que les femmes seraient naturellement bavardes et incapables de lire une carte routière alors que les hommes seraient plus doués pour les mathématiques et la compétition. Ce débat nous renvoie à la question de la part de la nature et de la culture dans nos comportements. En fait, les progrès de l’imagerie cérébrale nous montrent que chaque sujet, quelque soit son sexe, développe sa propre stratégie et donc sa façon d’activer ses circuits de neurones. Au cours de son développement¹, le cerveau intègre diverses influences et les circuits neuronaux sont essentiellement construits au gré de notre histoire personnelle. Les différences de fonctionnement cérébral ne sont pas inscrites dans nos cerveaux depuis la naissance. C’est  la culture au sens large et l’éducation qui sont les facteurs déterminants. Un exemple : les petits garçons sont souvent initiés très jeunes à la pratique de jeux collectifs de plein air, comme le football, qui permet d’apprendre à se repérer dans l’espace et à s’y déplacer. Pendant ce temps, les petites filles restent à la maison, elles jouent avec leurs camarades développant leurs qualités de communication ou apprennent le piano développant leur sensibilité.

Il faut se méfier de l’utilisation de la biologie comme justification des différences et des inégalités entre sexes. Bref, vous l’aurez compris : dire que les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus², nous n’y croyons pas !

Michèle Robach

¹L’homme nait avec un stock de neurones -100 milliards- mais les voies nerveuses par lesquelles ces neurones se connectent entre eux (les synapses) sont très peu nombreuses. On estime qu’environ 10% de ces connexions sont présentes à la naissance. Les 90 % restantes se mettent en place au long de la vie.
²John Gray (Michel Lafon, 1999).

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