Halte au repli

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Du burnout à la fatigue chronique, des phobies scolaires à l’isolement social, peu importe l’âge, la profession, c’est une tendance à combattre absolument pour retrouver calme et sérénité et faire partie à nouveau de la communauté des humains. Un défi à relever avec l’aide de ceux qui vous aiment. 

Un espace psychique intérieur minimal

C’est ainsi que le nomme la psychanalyste Sophie Braun en évoquant les entretiens qu’elle mène dans son cabinet pour écouter et venir en aide à une population en questionnement : l’enfant tétanisé par la peur de l’école, les femmes collées devant leur séries télé, les hommes accros aux jeux vidéo, les relations intimes qui se raréfient et les syndromes d’épuisement professionnel qui jalonnent la vie des salariés. Le prix à payer, un isolement progressif parce que cet espace du cerveau ne permet plus d’accueillir un autre être humain. Est-ce nous qui ne savons plus affronter le monde ou le monde d’aujourd’hui n’est-il plus adapté à l’humain ?

La tentation du repli

Au Japon, on appelle ceux qui vivent enfermés, près de 600 000, les « Hikikomori ». En Italie, on les a surnommés les « retirés ». Comme si la vie du dehors était devenue toxique, dangereuse, et que l’introversion était la seule réponse possible à un semblant de bien-être. Pour le pédiatre et psychanalyste Donald Winnicott, « Se cacher est un plaisir, ne pas être trouvé une catastrophe ». Pour certains enfants, le mental veut bien aller en cours mais le corps ne le veut pas. Cette forme d’allergie au monde se manifeste aussi chez ceux qui ne veulent plus aller au bureau ou voyager, comme s’ils refusaient la société dans laquelle ils vivent parce qu’ils n’y trouvent plus leur juste place.

Le réseau social, nouveau guide de vie

À les suivre, on ne peut que, même s’il y a l’illusion du groupe, se sentir seul face aux nombreux internautes. Si on ajoute les plateformes de diffusion de séries, on reste de plus en plus chez soi, seul face à son écran. Nous sommes passifs et plus actifs, nous n’avons plus besoin de penser ou de réfléchir, de créer ou d’imaginer, tout nous est apporté par la toile. Vivre par procuration est le nouveau mantra des jeunes générations. Et il n’augure rien de bon pour l’avenir puisque les transmissions ne se font plus au sein de la famille mais par tutos interposés. Cette émancipation individuelle se fait malgré eux et les laisse déboussolés et inquiets, surtout pour les plus fragiles. Sans oublier les phobies, grossophobie, homophobie et toutes les phobies plus destructrices que l’arachnophobie (araignées) ou l’alopophobie (chauve-souris) !

L’espoir reste fort pour Sophie Braun : « La beauté de l’humain, c’est sa complexité, sa force de vie, sa capacité de transformation. » Restent les pansements, la pédagogie avec les enseignants, la tendresse avec les parents, pour toujours selon Winnicott : « Après être, faire et accepter qu’on agisse sur vous. Mais d’abord être. »

Vicky Sommet

« La tentation du repli » de Sophie Braun aux éditions du Mauconduit (2021).

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