Mes bien chères sœurs

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Elles s’affichent en littérature, dans les magazines, au cinéma ou au théâtre, les sœurs de cœur ou de pensées occupent l’espace, des siècles après les frères en religion ou en politique. La fraternité connue depuis toujours fait place (enfin) à une nouvelle venue, la sororité qui s’est battue pour exister.

Solidarité plutôt que lutte

La sororité est une attitude de solidarité féminine. Dans la chanson, Vitaa, Amel Bent et Camelia Jordana ont décidé d’unir leurs voix dans un album aux consonances féminines « Sorore ». La solidarité a remplacé l’amitié, témoin la revue « Soror » qui propose des portraits de femmes inspirantes comme le fait Mid&Plus chaque semaine. L’écrivaine Chloé Delaume qui a sorti en 2019 un essai baptisé « Mes bien chères sœurs » a avoué qu’elle avait choisi comme premier titre « Sororisation générale », titre refusé par son éditeur par peur de ne pas être compris par tous. Ce mot a une histoire puisqu’il existe depuis les années 70 mais qu’il a disparu depuis du langage courant, en même temps que la lutte des féministes a évolué vers plus de partage.

Liberté, égalité, sororité

Cette phrase est imprimée sur un T-shirt¹ et permet à celles qui veulent le porter d’affirmer aux yeux de toutes qu’elles sont solidaires. Les clubs de femmes entrepreneures, les associations qui défendent les droits des femmes, les dîners de filles, les amitiés féminines ont éclos au fur et à mesure où les femmes sont sorties de leur foyer pour travailler et partager avec leurs collègues ou partenaires ce qui les fait avancer dans la vie. Ainsi, elles peuvent échanger sur leurs vies amoureuses, leurs réussites et leurs échecs, leur rôle d’épouse et de mère, une manière pour certaines de rompre leur isolement, surtout quand elles sont mères célibataires, les fameuses célibattantes !

Un contre-pouvoir

Le concept de sororité renait aujourd’hui parce qu’être sœurs, c’est être ensemble et donc plus fortes. Le pouvoir individuel auquel on renonce au profit du pouvoir collectif, tout en gardant chacune sa personnalité. La préférée de papa, la fille qui écrase ses consoeurs pour avancer dans la hiérarchie, le syndrome de la Schtroumpfette est présent à la maison comme au bureau. Ces liens tissés entre femmes le sont volontairement et nullement imposés par la société. Et le pouvoir de leurs actions s’en trouve démultiplié à l’image des femmes qui militent et luttent ensemble pour défendre des causes qui les concernent, comme le combat contre les violences faites aux femmes, les droits à l’avortement non respectés ou la pauvreté qui rend invisibles les femmes isolées. Attention toutefois à ne pas être excluante, les associations de femmes ne sont pas mixtes par définition.

À la chanteuse Jeanne Cherhal le mot de la fin dans « Ce génie, c’est ma sœur »² :
« Quand je l’entends chanter l’urgence et l’absolu
   L’amour, la liberté, les carcans révolus
  Les grands vents dans les blés, les sorcières en chaleur
  Je veux lui ressembler et par chance, c’est ma sœur. »

Vicky Sommet

¹T-shirt – Liberté, égalité, sororité – pour €39 sur le site meufparis.com.
²« Sororité » avec un collectif de 12 femmes dirigé par Chloé Delaume aux éditions Points.

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