Vivre seule, pas si mal 

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La société, comme une injonction, pousse les femmes à adopter les codes de la normalité, convoler, procréer et travailler. Hier, on se cachait d’être une « vieille fille », aujourd’hui, ce rôle n’est pas à mettre sur le dos du temps qui passe, mais à un choix de vie assumé… ou pas.

Des folles ou des saintes

Au début, chaque jeune fille découvre l’effervescence de la sexualité, d’abord à l’école quand les appareils dentaires s’entrechoquent dans les premiers roulages de pelle, puis il y aura les premières déambulations main dans la main pour montrer au monde qu’on est amoureuse et, enfin, ce qu’on appelle pompeusement « la première fois » qui ne seront que les prémices d’une vie à deux… ou seule, selon ses choix. Au Moyen-Âge déjà, celles qui ne voulaient ni mari, ni entrer en religion, n’avaient qu’une solution, se retirer du monde en devenant des « recluses » et ce du 8ème au 16ème siècle. Une situation effroyable où logées dans des tourelles, elles laissaient pousser cheveux et ongles, se nourrissant grâce au bon vouloir des habitants et vivant dans leur « réclusoir », telles des folles ou des saintes.

De l’urgence à l’abandon

Les modèles à suivre sont ceux du couple marié ou pacsé, celui d’une vie dissolue en menant de front carrière et amants multiples, sans compter sur le hasard qui fait qu’on ne rencontre pas la bonne personne avec qui on aurait envie d’avoir un enfant. S’ajouteront les difficultés pour accéder seule à la propriété, les séparations ou divorces et les souffrances qui en découlent, la stigmatisation de la société qui n’aime pas qu’on réussisse sa vie en ayant choisi de vivre seule et être heureuse. Pour Marie Kock « Vivre seule, c’est le contraire de l’égoïsme », car la famille serait perçue comme une manière de pallier le manque de solidarité dans la société, elle seule pouvant créer une harmonie pour leurs enfants, en espérant en faire des personnes meilleures pour la génération suivante, une réponse peut-être au monde qui va mal !

De la tricoteuse à la célibattante

D’un côté les amoureuses ou celles qui crèvent le plafond de verre, de l’autre, les vieilles filles revêches tricoteuses ou une Bridget Jones qui glorifie son célibat et les héroïnes de Jane Austen qui revendiquent leur indépendance jusqu’à ce que l’amour les anéantisse, il n’y a pas toujours de happy end. Autre exemple : les Béguines, seules parce que vierges ou veuves, aimaient toutefois les hommes sans pour autant rechercher leur présence car elles étaient secrètement mariées avec Jésus. La vieille fille ne vit pas sa vie comme un échec mais n’est pas Catwoman qui veut, la femme à chats, ou Cruella, la femme aux chiens, ou encore un monstre comme la patronne du « Diable s’habille en Prada » ! Même si Marguerite Duras a écrit :

« Il faut beaucoup aimer les hommes. Beaucoup, beaucoup. Beaucoup les aimer pour les aimer. Sans cela, ce n’est pas possible, on ne peut pas les supporter. »

La vieille fille n’est pas fermée au monde mais ouverte et disponible pour chaque nouvelle rencontre, amour ou amitié, question de timing peut-être, mais l’horloge ne s’arrête jamais de tourner et il faut donc accepter que l’amour puisse un jour la rattraper !

Vicky Sommet

« Vieille fille » de Marie Kock aux éditions La Découverte (septembre 2022).

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