Ces bagues nos messagères

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L’objet fait rêver les jeunes filles, l’anneau parle de serments, la chevalière permet de signer, la bague a toujours parlé d’amour, de générosité et d’élégance. Pour un homme ou pour une femme, quelle signification lui attribuer et ce, depuis l’Antiquité ? Tour d’horizon de ce bijou tant convoité.

L’amour au doigt

Le solitaire parle de déclaration, l’alliance d’invitation à convoler, la bague fantaisie, d’un cadeau à la jeune fille adolescente, la chevalière d’héritage du nom ou des armes de la famille. Sans distinction de genre, les hommes en portaient dans l’Antiquité, les statues de Trajan ou d’Hadrien en attestent, jusqu’aux nobles de la cour du Roi Soleil qui y logeaient poisons et onguents maléfiques quand d’autres y cachaient des parfums et des poudres enivrantes. Si les dents de bouquetins ont constitué les premières bagues, les fils d’or, les amulettes ou les pierres précieuses ont pris le pas sur le bijou tout simple pour lui attribuer des significations diverses et former un élément de la panoplie des élégantes.

Les bagues messagères

Objets de séduction, les jeunes hommes portaient des anneaux entre les lèvres pour que les jeunes filles s’approchent et lisent les messages qui leur étaient destinés. D’autres sont décorées d’animaux, tel le lion qui exprime la force, ou trempées dans la cire pour signer du nom de leur propriétaire. D’autres encore montrent Cupidon, Éros ou Vénus et déclarent des sentiments ou celles qui entremêlent deux anneaux « les bagues de foi » du Moyen-Âge portent des mots doux surtout en français, langue universelle de l’amour. Il faudra attendre le 14ème siècle pour voir apparaître, chez les amoureux éconduits, les bagues aux orteils pour dire leur « amour désolé » aux pieds.

Les bagues bienfaitrices

Les gemmes, pierres semi-précieuses ou précieuses, souvent non taillées, feront leur apparition au siècle des Lumières avec les « bagues au firmament », annonciatrice de la grossesse de la Reine ou deux anneaux entourant celui du mariage, les « alliances de sûreté » pour signifier que la fuite est impossible. Plus tard, on y trouvera des mèches de cheveux, des miniatures peintes, des camées puis des photos de l’aimé. Et celle portée au pinacle, au 19ème siècle, la bague-rébus avec le plus célèbre d’entre eux formé par les lettres « LACD » que vous traduirez vous-mêmes par « Elle a cédé » ! Les pierres à leur tour ont eu chacune leur signification propre, le rouge du rubis, l’amour, ou le blanc du diamant, la pureté des sentiments.

Si Johnny Halliday mettait des têtes de mort à chaque doigt pour montrer sa force et combattre l’inéluctable, si la bague de presque fiançailles de Lady Di, la « Dis-moi oui » fut éditée à très peu d’exemplaires, mais jamais portée pour cause de disparition, si les rappeurs les empilent au même titre que les tatouages, ces habits de la main donnent à voir, fiancées ou mariées, et disent beaucoup de l’intimité de chacun, surtout quand elles sont portées jour et nuit comme une seconde peau.

Vicky Sommet

LIRE « Bagues d’homme » de Delphine Antoine, Harold Mollet et Yves Gastou (Albin Michel, octobre 2018).
La collection d’Yves Gastou a été présentée à Paris en 2018 et voyage maintenant à Tokyo où elle est exposée au 21_21 Design Sight Gallery jusqu’au 13 mars 2022.  

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