Espionne, un métier au féminin

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Cinq années d’enquête entre Paris, Washington, Moscou ou Tel Aviv. La journaliste Chloé Aeberhardt est partie sur la trace de ces femmes de l’ombre qui ont travaillé pendant la « guerre froide » pour la CIA, le KGB, le MI5 ou la DST. Un récit que n’aurait pas renié Mata-Hari !

Les techniques de l’espionnage. Certaines amadouent l’épouse pour approcher l’époux. D’autres, fortes de ces vertus que l’on confère aux femmes, se montrent suprasensibles et avec une acuité d’esprit propre au genre féminin. De plus, elles évoluent souvent incognito et on leur reconnaît des qualités d’intuition, d’observation et d’analyse psychologique supérieures à celles des hommes. Elles savent jouer un rôle et mettre leur ego de côté pour atteindre un objectif. Mais alors pourquoi ne les emploie-t-on pas davantage ? Et pourquoi, dans l’imaginaire collectif, l’espionne est juste bonne à séduire un homme ou James Bond ? Réponse, s’il en faut une, l’amour ! Mais il y a aussi à prendre en compte une logique de survie, l’abnégation, le patriotisme ou la solitude.

Sur les traces de l’invisible. C’est à un véritable parcours de la combattante auquel s’est attelée Chloé Aeberhardt, faire parler ceux et celles qui ne parlent pas habituellement, vivent et travaillent dans le secret, n’ont pas d’identité ou une de substitution, mais elle s’est obstinée afin de nous raconter ces histoires très documentées sur le rôle des espionnes et leur engagement. Avec une question essentielle, le dilemme éthique : dans quelle mesure est-il légitime de persuader quelqu’un de risquer sa vie pour vous fournir des informations ? Et la nécessité de posséder une aptitude qui peut constituer un atout certain, savoir deviner l’origine d’un individu ou sa religion à partir de son physique. Et enfin, accepter de ne pas montrer ses faiblesses, qu’il s’agisse de leurs proches, des événements de leur vie personnelle ou des risques encourus.

La place des femmes dans le renseignement. Encore une nébuleuse ; il n’y en aurait pas au KGB ! Ces femmes sans visage et avec un nom d’emprunt, avec une vie imaginée ou inventée, ont souvent vécu dans le non-dit mais ont parfois préféré le romanesque à la réalité de la vie. Merveilleux de passer inaperçues mais à la longue, lorsqu’elles retrouvent la vraie vie, à l’heure de la retraite, il est difficile pour certaines de rentrer dans le rang des anonymes et ne plus faire partie de ces femmes silencieuses…  mais très bien informées.

Vicky Sommet

Les espionnes racontent de Chloé Aeberhardt (Éditions Robert Laffont, 304 p, €20).

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