Eugénie de Montijo, dernière souveraine française

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Le 11 juillet a marqué le centenaire de la mort de l’impératrice Eugénie de Montijo, aristocrate espagnole, épouse de Louis-Napoléon Bonaparte et dernière souveraine française. Celle à qui la vie n’aura rien épargné (exil, décès prématuré de son fils unique) sut jusqu’au bout être une grande dame.

Mondaine et protectrice

Fuyant les guerres carlistes d’Espagne, la jeune comtesse de Teba connaît l’exil en France avec sa mère et sa sœur aînée. Entre Biarritz et Paris, c’est Stendhal qui enseigne l’histoire aux deux jeunes filles et Mérimée, le français. Après deux ans de cour assidue, elle dit « oui » à Napoléon III, de 18 ans son aîné, dans la cathédrale de Notre-Dame-de-Paris le 30 janvier 1853 et devient impératrice des Français. Admiratrice de la reine Marie-Antoinette, coquette, dépensière et aimant les bijoux, l’impératrice Eugénie n’en est pas moins une femme d’état, protectrice des arts (elle participe à la création du style Napoléon III) et favorable à la cause des femmes (elle interviendra notamment pour que les femmes puissent obtenir leur baccalauréat et la légion d’honneur ou s’inscrire en faculté de médecine).

Exil, deuils et repli

À la chute de l’empire à l’automne 1870, c’est dans le village de Chislehurst, dans le Kent à 35 miles à l’Ouest de Londres, que l’impératrice trouve refuge avec son fils unique, le prince impérial Eugène-Louis, pour un exil de plus de trente ans… Napoléon III les rejoint à Camden Place, après sa captivité en Prusse. Il y meurt trois ans plus tard et est inhumé dans le chœur de l’église catholique du village. Eugénie déménage alors à Farnborough Hill dans le Hampshire.

Le prince Eugène-Louis, qui a étudié à King’s College à Londres, puis à l’académie royale militaire de Woolwich, s’engage dans la guerre contre les Zoulous en 1879 et meurt au combat, à 23 ans, sous l’uniforme britannique. L’impératrice fera le voyage au Zoulouland sur le lieu de sa sépulture et ramènera la dépouille de son fils en Angleterre. Inconsolable, elle fait construire par l’architecte français Gabriel-Hyppolyte Destailleur en 1881 une église à Farnborough afin d’y abriter un mausolée. Elle fait venir des Prémontrés pour y créer un prieuré, puis des Bénédictins de l’abbaye de Saint-Pierre de Solesmes pour fonder l’abbaye Saint Michael.

L’impératrice Eugénie meurt à 94 ans à Madrid dans le palais des ducs d’Albe, où elle était en villégiature. Elle repose, selon son souhait, à l’abbaye Saint-Michael, dans la crypte aux côtés de son mari et son fils.

Marie-Blanche Camps

©L’Impératrice Eugénie entourée de ses dames d’honneur, par Winterhalter (1855).
La crypte impériale de l’abbaye Saint Michael se visite tous les samedis à 15h00.
Farnborouhg Hill est aujourd’hui une école privée et ne se visite pas et Camden Place est le club house du golf de Chislehurst.

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