Nos livres de l’été

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Algue séchée ou épi de blé comme marque-page, la rédaction de Mid&Plus partage ses lectures estivales. Page-turner, aventure cycliste, plaisirs interdits, évasion à tous les rayons !   

Et soudain, la liberté d’Evelyne Pisier et Caroline Laurent (Pocket, 2018)
par Marie-Hélène Cossé

La lecture de La Familia grande cet hiver me donne envie d’en savoir plus sur Evelyne Pisier, la mère de Camille Kouchner, pour mieux comprendre l’origine et les raisons de son assourdissant silence. Sa mort en 2017 n’empêche pas son éditrice, Caroline Laurent, de finir d’écrire le récit romancé de sa vie qu’Evelyne avait entamé. Née à Hanoi en 1941, après une adolescence en Nouvelle Calédonie, la mère de Camille et Victor, une des premières femmes agrégées de droit public, professeur d’histoire des idées politiques, déroule sa vie sur fond de décolonisation, féminisme, défense des homosexuels, révolution cubaine. Mais son destin n’est-il pas avant tout lié à celui de sa mère Mona, fantasque, séductrice, libérée, indépendante, féministe ? Les relations orageuses et paradoxales de cette dernière avec son mari, le père d’Evelyne, haut-fonctionnaire maurrassien, n’explique-t-il pas un peu finalement tout ce qui a suivi jusqu’au mutisme de cette familia grande…

« En amour, les lois étaient simples. On pouvait, tremblant, s’agenouiller devant celle qu’on humiliait en public si le rêve de la toucher devenait brutalement accessible. André ordonnait ; il savait également obéir, dans le silence de l’alcôve. Mona l’avait compris. Un homme est à la fois un maître et un chien. »

Hamnet de Maggie O’Farrell (Belfond, mars 2020)
par Christine Fleurot

Une fois adoptée l’écriture fragmentée de la romancière nord-irlandaise Maggie O’Farrell, la magie de sa prose d’une poésie inouïe opère. Le lecteur est immergé dans le rude quotidien d’un village rural de l’Angleterre élisabéthaine, Stratford-upon-Avon, où sévit la pestilence. Le personnage central est Agnès, épouse de Shakespeare (présent en filigrane mais jamais cité nommément), « une fille donc, à la lisière de la forêt », un peu sorcière, qui lit dans l’esprit des gens. Dans ce roman oscillant entre Histoire et fiction, il y est question de gémellité, d’amour maternel, de deuil parental, thèmes traités avec une infinie délicatesse et une précision horlogère.

On referme ce roman, impressionné par cette écriture singulière croyant intimement aux forces de l’esprit. Bouleversant jusqu’à la dernière ligne.

Là où nous dansions de Judith Perrignon (Babelio, 2021)
par Michèle Robach

Une déclaration d’amour pour Detroit et ses habitants, la ville dévastée et en faillite, hier la capitale de l’automobile et du jazz, à la fois Chrysler et Motown. Mais l’industrie a fermé ses usines, Motown est partie à LA et seuls restent les pauvres entre les pauvres, les dealers, les accros au crack, qui n’ont pas pu rester. On parle d’ouvriers, de syndicats, des perdants de l’histoire, mais aussi des Supremes, de Diana Ross et d’une cité qui devait accueillir les Noirs dans la dignité. Une merveille…

Les sept sœurs de Lucinda Riley (7 tomes)
par Anne-Marie Chust
À la mort de leur père, énigmatique et excentrique milliardaire qui les a adoptées aux quatre coins du monde lorsqu’elles étaient bébés, les six sœurs d’Aplièse se retrouvent dans la maison de leur enfance Altlantis, un magnifique château sur les bords du lac de Genève. Elles portent toutes le nom des principales étoiles qui composent la constellation des Pléiades, également appelées « Les sept sœurs ». Les six sœurs reçoivent chacune pour héritage un mystérieux indice et une lettre de leur père qui leur permettra peut-être de percer le secret de leurs origines. Du Brésil à la France, au cœur des fjords sublimes de Norvège en musique, dans la société bienséante edwardienne à Londres, à la poursuite d’une pionnière de l’Écosse à l’Australie, des Highlands écossais à Grenade et le flamenco pendant la guerre civile espagnole, du Kenya ambiance « Out of Africa » jusqu’à un vignoble de Nouvelle Zélande, en passant par l’Irlande indépendantiste des années 20 à la recherche d’une bague sertie d’une émeraude en forme d’étoile et de la septième sœur. Une saga somme toute captivante que vous aurez du mal à lâcher, bien documentée sur l’histoire du XXe siècle et du monde, même si hautement improbable et parfois un peu mièvre…

Le pur et l’impur de Colette (Éditions Le livre de Poche)
par Vicky Sommet

Les écrits de Colette ont choqué hier et souvent encore aujourd’hui. Rangés au rayon de la culture à ignorer, ses ouvrages font partie de mon Panthéon personnel commencé à l’adolescence mais je ne connaissais pas ce livre qui évoque sans ambiguïté mais sans grivoiserie les caractères de ses amis homosexuels masculins ou féminins. Au-delà des souvenirs de ses rencontres dans une fumerie d’opium ou dans un salon chinois, c’est la langue qu’elle emploie qui m’a enchantée, une langue poétique, riche d’adjectifs, de verbes rares et de vocables oubliés, qui confèrent à ce texte délicatesse et élégance, des qualités souvent absentes chez nos auteurs contemporains.

«  Nous vécûmes en bonne inintelligence jusqu’à ce que d’elle à moi le lien fût usé et que l’espace cessât d’être un chemin de mauvais rayons, une harpe d’ondes résonnantes, un éther étoilé de signes suspendus… »

Le monde selon Nala de Dean Nicholson (Éditions City, 2020)
par Anne-Claire Gagnon

À défaut de pouvoir voyager totalement librement, il nous reste les lectures et les images, pour suivre Nala (et sa NalaCam !), un tout tout petit bout de chaton, que Dean Nicholson recueille en Bosnie sur son vélo, au début de son tour du monde. Et Nala devient la proue de ce tandem 1Bike1World, qui éclaire la route autant que nos cœurs ! Suivez leurs aventures, qu’il vente ou neige, que le soleil de Santorin ou le confinement frappe, rien n’arrête Nala, sur le guidon du vélo de Dean. Ils ont repris la route, suivis désormais par presqu’un million d’amis.

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