Transmettre le féminisme

0

Militante ou tout simplement soucieuse d’éduquer notre entourage dans une perspective égalitaire ? Voici quelques pistes pour s’inspirer et transmettre avec pédagogie des valeurs féministes au quotidien.

♦ À écouter :

Filles de lutte (Spotify) : Être descendantes d’icônes du féminisme, l’héritage peut être à double tranchant voire vertigineux. Merry Royer et Ilham Maad s’interrogent sur la transmission des valeurs de ce mouvement quand on est  « née avec une cuillère féministe dans la bouche ». À travers une série de 10 interviews de 30 mn – Blandine de Caunes, fille de Benoîte Groult – Maud, petite-fille de Gisèle Halimi ou Marianne, fille adoptive de Joséphine Baker -entre autres-, toutes biberonnées à la lutte et au militantisme se plient à l’exercice.

Un podcast à soi (Arte Radio) : Charlotte Bienaimé qui définit son travail comme celui d’une « documentariste engagée » a déjà produit plus de 25 émissions (1 heure) abordant les questions de genre, du féminisme, d’égalité homme/femme. Mix extrêmement bien rythmé d’entretiens, de récits intimes, d’expertises, de musiques et de silences, cette série aborde aussi bien le pouvoir des mères, l’inceste que la vieillesse et l’engagement au féminin. Bel espace de réflexion radiophonique.

♦ À lire :

La déferlante : Pari audacieux pour ce nouveau Mooc trimestriel créé par quatre femmes (Marie Barbier, Lucie Geffroy, Emmanuelle Josse et Marion Pillas). La promesse éditoriale ? « La revue des révolutions féministes » soit des regards croisés de journalistes, d’auteur.rices, de chercheur.ses, d’artistes et d’activistes pour visibiliser le vécu et les combats des femmes en cette période post #MeToo. Le premier numéro, au graphisme et iconographie soignés, qui a pour thème « Naître » vient de paraître (€19 – en librairie ou sur abonnement)

Petit traité d’éducation féministe de Lucile Belan (janvier 2021, Éditions Leduc, €17) : La journaliste de Slate, productrice de nombreux podcasts, mère de trois enfants, détricote dans ce livre très pragmatique toutes les injonctions et les clichés pour accompagner nos enfants de la petite enfance à l’âge adulte « vers une société plus inclusive et tolérante ». Éducation non genrée, culture, confiance en soi, connaissance du corps, consentement, respect et non-violence, l’auteur donne de nombreuses clés et pistes (lectures-films) pour appliquer simplement et avec bienveillance des valeurs du féminisme au quotidien.

Chère Ijeawele de Chimamanda  Ngozi Adichie (2017, Gallimard, 78 p.) : L’auteure nigériane d’Americanah n’est ni une activiste ni une radicale. En réponse à la demande d’une de ses amies qui souhaite offrir à sa petite fille une éducation féministe, l’écrivaine lui répond simplement en quinze points émancipateurs. Ce court manifeste axé sur la déconstruction des assignations de genre a le mérite d’être concis et d’avoir une portée universelle. À faire lire aussi aux futurs papas, aux frères, car en creux, on peut y voir ce que devrait être aussi l’éducation d’un garçon, l’attitude d’un compagnon.

♦ Des BD à découvrir :

Anaïs Nin sur la mer des mensonges de Léonie Bischoff  (août 2020, Casterman, 192 p., €23,50) : Ce roman graphique vient de remporter le Prix du public-France TV au Festival d’Angoulême 2021. Sous le crayon multicolore très poétique de Léonie Bischoff, une partie de la vie de l’écrivaine américaine, pionnière de la littérature érotique nous est narrée; celle du début des années 30 où elle vit à Paris et rencontre Henri Miller, moment de bascule intime. Un voyage incroyable dans le journal et dans la tête de cette femme en quête d’émancipation, très en résonance avec l’actualité. Rien de scabreux grâce au trait tout en nuance et plein de sensibilité de l’auteur.

Jujitsuffragettes, les amazones de Londres de Clément Xavier et Lisa Lugrin (sept.2020, Delcourt, Coup de tête , €21) : Ce sont ces petits moments de l’Histoire presque anecdotiques qui ont permis de grandes avancées. Édith Garrud fut ainsi celle qui permit aux suffragettes d’obtenir en Angleterre en 1918 le droit de vote en Angleterre. Son arme ? Le jujitsu qu’elle pratiquait et qu’elle enseigna aux « Amazones », garde rapprochée de la militante féministe Emmeline Pankhurst pour se défendre face aux agressions dont elles étaient l’objet. Intéressante approche « à la croisée de la pratique sportive, de l’histoire et des problématiques sociales et politiques ».

La sphère familiale restant le lieu natif d’enseignement des idées pour la justice et l’équité homme/femme, n’hésitons donc pas à partager avec intelligence, respect et aussi humour ces savoirs porteurs de valeurs féministes pour aider nos filles ou petites-filles à gagner en confiance en elles et pour élever nos garçons ou petits-fils dans une quête d’égalité.

Christine Fleurot

L'article vous a plu ? Partagez le :

Les commentaires sont fermés.