Albina du Boisrouvray, l’amour en partage  

0

Réapprendre à vivre, c’est le moteur de cette femme qui fait partie du monde de la presse, du cinéma comme de celui de l’humanitaire, déjà toute jeune. Une vie qui semblait toute tracée, ouverte sur le monde et sur les rencontres, jusqu’à ce qu’un accident d’hélicoptère lui enlève son fils unique.

Une jeunesse insécure

Du Maroc à la Suisse, ballotée entre nurse et tante, avec des parents souvent absents, la petite Albina est devenue rebelle à son milieu, cette prison dorée qu’elle n’aimait pas, après avoir vécu jusqu’à l’âge de sept ans à New-York. Puis de l’Argentine au pensionnat, elle refuse d’être un objet dont on décidait de l’avenir alors qu’elle avait goûté à la solitude et à l’indépendance « Je voulais être le sujet de ma propre existence ». Observatrice, elle se rend compte qu’il y a des différences entre les classes sociales, le personnel et sa famille, entre les noirs et les blancs, un sens aigu du traitement des êtres humains quelles que soient leurs origines. « Mon père avait refusé que j’aille à l’université de la Sorbonne sous prétexte que c’était un repaire d’anarchistes et donc j’ai suivi des études sur le tard, destinée dès le départ à un statut marital alors que j’aimais apprendre. »

Une vie rompue

Albina voulait d’abord devenir infirmière, puis professeur, mais c’est le journalisme qui a précédé son métier de productrice de cinéma. « Quand je lis un livre, je vois des plans, des acteurs. Mon mari était directeur de production, nous avions des projets communs et j’ai beaucoup aimé travailler avec Andrzej Zulawski ou Alain Corneau sur Fort Saganne, Police Python 357 ou L’important, c’est d’aimer. J’étais une des seules femmes dans ce métier à l’époque ! » Mais son fils François-Xavier, à qui elle avait offert une vraie vie de famille, celle qu’elle n’a jamais eue, suivait la passion de son père pour l’aviation. Il meurt dans un accident d’hélicoptère qu’il pilotait lors du Rallye Paris-Dakar où disparurent Thierry Sabine, le directeur de la course et le chanteur Daniel Balavoine.

« Les enfants ne doivent pas mourir avant leurs parents. C’est contre nature ! »

Amitié et altruisme

Artistes, politiques, journalistes ou écrivains, Albina mène une vie mondaine. Amie de Romy Schneider, admiratrice de Françoise Giroud, « Elle était tout ce que j’aurais aimé être, en alliant une grande féminité et une capacité intellectuelle qui faisait dire d’elle qu’elle était virile. Moi je suis cash et je dis tout, mais Françoise avait besoin de cacher ses origines comme ma mère qui n’avait jamais accepté d’être issue d’une société métissée, une indienne qui se disait espagnole ». Engagée pour Médecins du Monde au Liban, militante pour la protection de la nature, elle le sera encore plus quand elle décide de réorienter sa vie en vendant tous ses biens pour fonder l’ONG FXB et continuer l’œuvre de son fils en aidant des enfants en perdition à travers le monde.

« Voir dans les yeux des autres le bonheur que je pouvais apporter m’a donnée la force de continuer ».

Un destin singulier qu’elle résume ainsi « Se rebeller, perdre l’essentiel, tout donner ».

Vicky Sommet

« Le courage de vivre » d’Albina du Boisrouvray aux éditions Flammarion (mars 2022).

L'article vous a plu ? Partagez le :

Les commentaires sont fermés.