Carole Gaillard-Samzun, des femmes et du vin

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C’est l’histoire d’une passion pour le vin et d’une admiration pour les vigneronnes inspirée par leur audace, leur courage et leur sensibilité qui leur ont permis de s’imposer dans un monde encore si… masculin. Carole Gaillard-Samzun, 52 ans, a créé Chais-Elles, un agence événementielle dédiée aux femmes et au vin : un concept vinovateur !

Son parcours. Chercheur en littérature latino-américaine sans poste, une vie professionnelle mise entre parenthèses pour suivre son mari et élever ses trois enfants, prof d’espagnol enfin, Carole se lance dans un diplôme d’œnologie en 2012. Amoureuse des vins, habitée par un rêve – celui d’avoir un vignoble -, dégustatrice curieuse aimant aller à la rencontre des autres, soucieuse d’affirmer un certain art de vivre à la française marqué par la convivialité des terroirs et leur authenticité, elle organise en 2013 son premier Salon des vins de vigneronnes à Nantes le 8 mars… en l’honneur des femmes. C’est un succès ! Et dans la foulée, elle décide de monter sa société.

Le concept Chais-Elles.  L’idée est d’aider les viticultrices à se faire connaître, à commercialiser leur vin ou à trouver des débouchés à l’international, organiser des événements, etc., mais aussi de les mettre en valeur en suscitant l’envie d’aller « Chais-Elles » en nous proposant des escapades à la carte dans le vignoble, des visites de chais, des soirées dégustation, des rencontres avec des femmes qu’elles soient vigneronnes, sommelières, œnologues, cavistes… Carole donne aussi des conseils pour la constitution de cave et commercialise ses coups de cœur.

Les femmes vigneronnes. En France, 30% des vignerons sont des femmes. Les choses ont commencé à réellement bouger depuis une petite dizaine d’années. Elles sont en général filles de… (les pères ayant enfin accepté de céder le domaine à leur fille, chose impensable il y a encore quelques années). Mais elles peuvent aussi être veuves ou par accident de la vie avoir dû reprendre seules le domaine. De plus en plus de femmes aux revenus élevés se lancent dans la viticulture par passion dans leur deuxième partie de vie par désir de changement ou amour d’un lieu. Certaines sont en agriculture biologique, d’autres cultivent 7 hectares de vignes, certaines 100, voire même dirigent plusieurs domaines¹. Depuis les années 1990, elles se regroupent en réseaux professionnels pour s’entraider dans un monde resté majoritairement masculin.

Des vins de femmes et des vins d’hommes ? Les femmes considèrent généralement leur métier comme une passion et un art qu’elles veulent partager, un savoir-faire à transmettre. Elles sont plus conviviales dans leur communication (elles sont plus sensibles et n’hésitent pas à parler d’émotions). Elles s’engagent souvent pour la défense des vins de terroir. Certains disent que les vins de femmes sont plus aboutis, plus subtils, plus entiers que les vins d’hommes. Mais finalement, le goût n’est pas une affaire de sexe : certains vins de femmes peuvent nous plaire, d’autres non, comme pour ceux des hommes… Il n’y a pas de vins pour les femmes, mais des vins faits par les femmes !        

Marie-Hélène Cossé

¹Miren de Lorgeril vient d’être nommée lauréate de la catégorie Entrepreneure de l’année à l’occasion de la sixième Women’s Awards Tribune. Miren est présidente du Groupe Lorgeril, propriétaire de six domaines familiaux entre Languedoc et Roussillon, 350 hectares de vignes, partenaire durable de 20 domaines indépendants (350 ha) et négociant spécialisé dans la distribution de vins premiums du Languedoc. « Le jury a eu une vraie sensibilité au fait que j’exerce un métier fortement marqué par la présence masculine où être une femme est à la fois une chance et un handicap. Il a fallu que j’en fasse une chance. »

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