Diane de Beauvau-Craon, l’aristo punk 

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« Ma vie se résume à ceci : j’ai appris à me détruire par plaisir et à me reconstruire par amour ». Les mots de cette Princesse qui a mené une existence tumultueuse augurent de la folle vie qui sera la sienne, de Paris à Nancy, et du Portugal à New-York.

« Just do it »

Cette injonction d’Andy Warhol pour qu’elle écrive son journal vient de se matérialiser en un livre de souvenirs où, entre rencontres exceptionnelles et addictions en tout genre, elle a vécu loin des préceptes de son éducation. Un père, 7ème Prince de Beauvau du Saint-Empire germanique, une mère bolivienne, héritière du roi de l’étain Patiño, une grand-mère italienne, une Nanny anglaise, la verront prendre son envol à 18 ans pour « épouser la liberté ». Le tout accompagné de petits noms comme « folle », « droguée » et « alcoolique », ce qu’elle a été. Du « trichlo » pour nettoyer ses bijoux de hippie qu’elle sniffe allègrement aux élégantes qui fréquentaient la piscine familiale, Ludmilla Tcherina ou Zsa Zsa Gabor, aux maîtres d’hôtel pieds nus mais en gants blancs, la petite Diane apprenait la vie.

Les démons de Diane

De l’école qu’elle n’aimait pas aux pensionnats dont elle se faisait renvoyer au printemps pour être certaine de ne pas terminer l’année à l’école, des buvards de LSD à la cocaïne, du lycée au cours Florent, elle finit par être internée à l’hôpital psychiatrique de Garches d’où elle sort convaincue qu’elle deviendra invincible ! Amoureuse d’un homosexuel qui était épris de son physique mi-femme, mi-garçon, elle se marie pour partir à New-York qui, dans les années 70, était « the place to be ». Comme il lui fallait travailler, elle se lance dans la mode et comme elle n’a aucune expérience, elle est payée en bijoux à défaut de salaire. C’est là qu’elle rencontre Andy Warhol qui, un soir, trouve sa veste blanche trop classique et peint directement dessus.

Et l’amour dans tout ça

Là aussi, elle ne fit rien comme les autres. Toujours séduite par des hommes gays, seul son mari dérogea à cette règle, diplomate et professeur d’université, elle vit avec lui depuis dix-huit ans. Avant, il y eut Robert Mapplethorpe, le photographe américain du noir et blanc, Jacques de Basher, le grand amour de Karl Lagerfeld, qu’elle faillit épouser, avec lequel elle partageait le goût de la culture, de la beauté et de l’oisiveté et qui mourut du Sida dans ses bras. Son parcours chaotique verra aussi la naissance d’un fils dont elle sera privée les cinq premières années de sa vie, une séquestration jusqu’à ce que son père paie une rançon. Et une grande histoire avec Richard Descoings, le directeur de Sciences Po, mort dans des circonstances mystérieuses.

Une vie qui est un roman ou le roman d’une vie qu’elle n’a pas eu à écrire et aujourd’hui, elle confie à une journaliste de ELLE : « J’adore vieillir car on apprend encore des choses et la petite graine de la sagesse pousse enfin quand je l’arrose un peu ».

Vicky Sommet

« Sans se départir » de Diane de Beauvau-Craon aux éditions Grasset (mai 2022).

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