Violences sexuelles : une épidémie

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« Que vous le sachiez ou non, quelquun de votre entourage a, un jour, été victime de violences sexuelles. Peut-être même vous-même. » Cette parole forte de l’association SVS (Stop aux Violences Sexuelles) n’est pas exagérée. Les chiffres donnés lors des 7e assises internationales sur les violences sexuelles (6 et 7 janvier 2020 à Paris) sont effarants. 

Devant un phénomène d’une telle ampleur, les spécialistes réunis (médecins, gendarmes, travailleurs sociaux) parlent maintenant d’épidémie. 1 enfant sur 5 victime en Europe (soit 13 millions de personnes en France), 35 % de femmes victimes au niveau mondial. 15 % des adolescents subissent des rapports sexuels forcés. Plus de 15 000 viols sur mineurs en France en 2016.

Quelles sont les causes ?

  • Les dégats de la pornographie. Elle devient aussi la référence de la sexualité pour les jeunes, banalise les violences sexuelles (on assiste à une augmentation dramatique du nombre des auteurs mineurs) et se diffuse via Internet.
  • L’omerta constatée dans tous les milieux politiques, soignants, justice, école, église, mais aussi centres sportifs et autres lieux d’activité (conservatoires de musique par exemple), universités et du défaut de prise en charge systématique.
  • L’impunité quasi totale. En France 73 % des signalements et plaintes sont classés sans suite, sur les 27 % restant la moitié est disqualifiée en correctionnelle pour les viols et seules 10 % des plaintes aboutissent aux assises qui va de pair avec une baisse de 40 % des condamnations pour viol.

On peut avoir tout oublié

La violence induit dans le cerveau un réflexe de protection qui « sort » la victime de son corps, l’immobilise et l’empêche de réagir. C’est pourquoi beaucoup de victimes ne font rien et ont parfois tout oublié. Leur corps parle alors ou leur comportement : par exemple, des épisodes de colère incontrôlable envers leur entourage ou eux-mêmes, reflet des abus passés, sont un signe qui doit alerter. Si l’impact psychologique est dramatique (état de stress post-traumatique, frigidité, premier facteur de dépression à répétition, de risque de suicide, d’addiction, de troubles de l’alimentation, etc…), celui sur le corps est tout aussi important.

J’ai été frappée, lors des débats, par l’étendue et les conséquences des dégâts sur la santé corporelle, sans doute parce que je n’en n’imaginais pas d’autres que ceux qui concernaient les parties génitales et anales. Or les médecins établissent maintenant un lien entre violences sexuelles et fibromyalgies, certaines pathologies auto-immunes, certains cancers, des stérilités et tout un champ de la pathologie gynécologique dont l’endométriose. Ils estiment à plus de 10 milliards d’ euros par an, en France, les frais de santé qui s’en suivent.

Que faire ?

♦Pour lutter contre la pornographie et ses conséquences, donnez une éducation sexuelle courageuse à vos enfants.
♦Sachez que les enfants en situation de handicap subissent 4 fois plus de violences sexuelles (90 % des femmes présentant des troubles autistiques en ont subi, plus de 80 % des personnes souffrant d’ « état limite »).
♦Si vous connaissez des personnes présentant les troubles décrits ci-dessus, inquiétez-vous.
♦Osez parler à une personne dont le comportement vous inquiète.
♦N’hésitez pas à demander conseil à une association.

Isabelle Scherer

Numéro d’urgence : 119
SVS

Innocence en danger

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