Nathalie Ribette réenchante l’hôpital

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Française de l’étranger, Nathalie Ribette a trouvé sa vocation grâce à son expatriation. Installée depuis 25 ans à Singapour, elle partage chaque jour sa passion pour la musique avec ses élèves et avec des personnes hospitalisées.

Une révélation

Avec ses jumeaux sous le bras, Nathalie suit son mari en 1996 à Singapour : « J’étais malheureuse de partir, mais c’est la plus belle chose qui me soit arrivée… Mon expatriation m’a permis de me réinventer et de renaître… en mieux. J’ai aujourd’hui un métier passionnant que j’adore. » Emmenée un jour par une amie à une audition à l’Alliance française, elle décroche un rôle dans une version amateur de la comédie musicale Starmania. Jouer la comédie devient alors une révélation : « J’ai eu un coup de foudre pour le spectacle vivant ! » Elle décide très vite de suivre une formation de théâtre et de chant, joue dans plusieurs productions et, dès 2006, produit et met en scène ses propres spectacles. Elle monte sa compagnie Sing’Theatre, puis en 2013 une école de comédie musicale « parce que j’aime transmettre les bienfaits du chant, de la musique et de la danse ».

« Mon hobby est devenu mon métier »

Son idée ? Promouvoir sur scène la culture française aux Singapouriens. À raison de deux spectacles par an, les chansons de Charles Aznavour, Yves Montand, Charles Trenet, Serge Gainsourg ou Edith Piaf résonnent à 10 000 km de Paris. La mort de son amie singapourienne, l’artiste Emma Young, en 2012, fait vaciller le bel enthousiasme de Nathalie qui envisage de tout arrêter. Lui vient alors l’idée d’organiser une fête de la musique à l’hôpital, là même où son amie a été soignée. Le succès remporté permet de pérenniser l’évènement qui a lieu depuis lors tous les ans sur le campus de l’Hôpital général de Singapour. Nathalie va plus loin encore en décidant en octobre 2019 d’amener la musique tous les jours à l’hôpital.

« Le programme 365 jours de musique, c’est une heure de concert de professionnels singapouriens chaque jour dans dix hôpitaux publics toute l’année, même le dimanche et les jours fériés, car quand on est malade il n’y a pas de day off. »

« La musique ouvre des portes, c’est le langage des émotions »

Aujourd’hui, la langue française a laissé la place à l’anglais, au malais ou au mandarin, pour que les paroles des chansons soient comprises par le plus grand nombre de malades. Grâce à la générosité de sociétés françaises et à des subventions du gouvernement singapourien, 300 artistes, chanteurs et musiciens professionnels viennent chaque jour apporter quelques notes de musique au chevet des malades, pour leur plus grande joie. Pandémie oblige, les spectacles de 2020 de Sing’Theatre ont été déprogrammés, mais les 15 ans de la compagnie ont été fêtés virtuellement en avril dernier avec la reprise du spectacle « No regrets, A Tribute to Edith Piaf ». Et les concerts hebdomadaires, 365 jours de musique à l’hôpital, sont devenus interactifs avec les malades via la plateforme Zoom.

Le meilleur souvenir de Nathalie ? « Un jour, à la fin d’un concert, une patiente singapourienne s’est mise à m’embrasser en pleurant; les mélodies d’Edith Piaf lui rappelaient un voyage qu’elle avait fait avec son mari à Paris dans sa jeunesse. On ne parlait pas la même langue, mais au-delà des mots, on pleurait ensemble; l’émotion était très forte pour moi aussi. »

Lauréate des Trophées 2020 des Français de l’étranger dans la catégorie « Culture / Art de vivre », Nathalie Ribette a reçu ce prix comme « une belle reconnaissance de la part de la France pour les Français qui sont loin et comme un message d’espoir pour tous les Français qui partent à l’étranger ».

Marie-Blanche Camps

Pour en savoir plus : Sing’Theatre

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